Le regard des gens… Fuck it !

Je vous propose de changer un peu d’air. Pour un court instant. Après ces deux articles sur la collection de montres et ses biais, prenons un peu de recul et revenons sur le nerf de la guerre : la passion. 

Si j’écris ces lignes et si vous les lisez (merci), c’est par passion. Du coup je vous propose une rencontre avec quelqu’un d’aussi passionnée que nous : Alice Veil. 

Alice Veil est une amie, qui a forgé son univers envers et contre un bon nombre de personnes. Elle me fascine car, les premières fois qu’elle a commencé à publier sa passion sur les réseaux sociaux, ça m’a pris par surprise. Je ne m’attendais pas à trouver ça chez elle. 

Alice Veil est modèle photo vintage et pin-up.

©Cléa Margaret Photographie

©Cléa Margaret Photographie

Quel rapport avec les montres ? Alors bon déjà, c’est mon blog donc je fais ce que je veux. Ensuite, plus sérieusement, je ne vois que des points communs : le vintage, la passion et la communauté pas forcément facile. Surtout, ça me permet de parler de deux choses qui me tiennent à coeur : la passion sous toutes ses formes et la présence des femmes dans le monde des montres.

Je vous proposerai cet entretien en deux parties : la première sur ce qu’elle fait elle et la deuxième autour des montres.

Ce qui frappe immédiatement, connaissant personnellement Alice Veil (@aliceveil_), c’est sa réserve ou timidité. Mais surtout, à quel point cette timidité/réserve vole en éclat dès qu’on ouvre sa page Instagram. Je commence par lui demander quelles sont ses époques de prédilection. Ce à quoi elle me répond que c’est surtout les années 40-50 qui l’intéressent : pas le lifestyle de ces époques-là évidemment, mais bien l’esthétique de ces années-là. 

« J'aime beaucoup l'élégance qu'il y avait dans les tenues de cette époque-là. Le côté très féminin mais aussi, par exemple, plutôt dans les années 40, un côté féminin-masculin que je trouve vraiment super sympa. Il y avait un côté aussi découverte de la beauté, si on peut dire ça. Récemment, j'ai vu une vidéo où ils montraient comment faire de la poudre compacte pour la peau. Ils mélangeaient de la poudre bleue, de la poudre verte, de la poudre rouge et dosaient le tout pour adapter à la teinte de chaque personne. Et je pense que c'est à ces époques-là (niveau histoire, je ne suis pas très calée) qu'on a découvert la beauté moderne, si on peut dire. »

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Nous avons discuté encore un moment de cette période qui a commencé à fixer des canons d’esthétique qui sont encore très présents aujourd’hui. Pas que ceux des femmes, mais ceux de l’humanité.

Il faut savoir qu’Alice Veil est très souvent habillée dans ce style-là. Il est vraiment devenu le sien au quotidien, elle ne le montre pas que dans les photos. J’ai vu de mes yeux l’affirmation de ce style qu’il lui est cher dans sa vie de tous les jours. Ce qui me fait me poser plusieurs questions : 

Comment cette passion a démarré ? Pourquoi faire des photos ?

« J'ai toujours apprécié cette esthétique, cette manière de s’habiller. Mais je n'étais pas du tout là dedans au début. J'étais vraiment très basique, si on peut dire. Je n'avais pas envie de me démarquer, de me faire remarquer. Et puis, un jour, j'ai un ami photographe qui se lançait et qui a commencé à faire des essais en mode vintage. Je lui ai écrit, je lui ai dit « tu te lances dans le vintage? Ce serait rigolo qu'on fasse des photos un peu comme dans les années 40-50 ». C'est venu comme ça. J’ai trouvé deux, trois tenues. J'ai essayé de trouver comment on faisait niveau make up, niveau cheveux, etc. Puis on a fait cette séance photo : je me suis dit « c'est cool, Il faudrait qu'on en fasse d’autres » et on en a fait d'autres. Finalement, je me suis dit qu’en fait, ça me plaît. Je trouve que ça me va bien, bien sûr, ça se discute, mais je trouve que ça me va assez bien. Ça colle bien avec moi. Ma personnalité. Qui je suis. Ça me plaît. »

En bon collectionneur de montres vintages, je sais qu’il est difficile de trouver des pièces de collection en bon état à bon prix. Du coup, forcément LA question se pose : où trouve-t-elle des fringues, pour les shootings et pour tous les jours, qui collent aux styles de ces années-là ? 

Et bien vous savez quoi ? C’est exactement comme pour les montres. Il y a plusieurs catégories dans lequelles elle va faire ses courses vintages : Il y a les pièces d’origines dans des boutiques spécialisées, mais elles sont rares et fragiles (ça vous rappelle quelque chose, vous ?). Sinon, elle stylise des pièces de chez H&M, Zara, etc. pour en faire des vintages (ne faites pas les innocent·e·s vous avez tou·te·s mis un bracelet flatlink vintage sur votre speed pour qu’elle ressemble à une 69 ST). Ou alors, il existe des marques qui font des reproductions de fringues d’époque (je vous ai vu regarder votre BB58/Oris 65 Diver/Longines Legend Diver). 

Quid du quotidien ? C’est portable les corsets, talons, les coiffures super travaillées, etc. ?

« Au début, quand t’es une personne super timide (comme moi), non. Ce n’est vraiment pas évident à assumer. Bon, après, j'ai déjà des antécédents. J’ai eu les cheveux bleus, les cheveux roses, donc le côté difficile à porter… Je connais.

Du coup, j’avais déjà un peu l'expérience du regard étonné et intrigué des gens. J’avais l’habitude.

Au début, ce n’est pas évident. Il faut se faire un peu à ces regards mais finalement, avec le temps, tu remarques que, les gens y'en a qui te regarde un peu avec l'air moqueur, mais il y en a surtout beaucoup qui apprécient.

Les gens ont des remarques du genre : “vous êtes super élégante” “c’est très joli”, mais c’est surtout de la curiosité que tu attires, car ce n’est pas habituel, mais c’est d’une manière positive, pas jugeante. »

©Cléa Margaret Photographie

©Cléa Margaret Photographie

J’argumente qu’en Suisse, ça doit être plus facile à assumer que dans d’autres pays car les gens ici restent majoritairement bienveillant·e·s, du moins en public. Aussi, de manière générale avec le succès des Peaky Blinders et autres séries/films de la pop culture, il y a un regain d’intérêt dans ce style-là en particulier (années 40-50). Pour elle, ce n’est pas forcément vrai parce que les gens, en Suisse sont peut-être bienveillant·e·s en public, mais sont aussi beaucoup moins habitué·e·s. Elle explique : 

« Tu sais, je me balade comme ça à Londres, personne ne me regarde. Tout le monde s'en fout. Je suis quelconque. Ici les gens ont moins l'habitude de voir des looks qui sortent de l'ordinaire, Mais je pense que t'as raison, il y a probablement un peu un regain d’intérêt. Mais je pense que ça vient plutôt avec toute cette philosophie de laisser les gens faire ce qu’ils veulent. Du coup, tout le monde se sent plus libre de s'habiller comme ils ont vraiment envie de s’habiller…et le regard des gens… Fuck it ! »

On a encore parlé un bon moment des habits et de ses habitudes avec les photographes. C’est très intéressant parce qu’elle en parle avec passion et on aime la passion chez les gens.

Un sujet m’intéresse particulièrement : celui des retours sur Instagram. Alice Veil, au moment où j’écris ces lignes, a un compte Instagram avec 2055 abonné·e·s.

Quand je lui demande le type de retour qu’elle obtient, elle répond : 

« Je n'ai pas une audience monstre. Mais oui j’en ai. Comme toute fille exposée sur internet. J’ai des « I Love You », on m'a demandé si j'étais d'accord de faire un Skype où je montre mes pieds pour de l'argent. C'est pour ça que je suis riche aujourd’hui. (Note pour la team premier degré, c’est une vanne). On m'a proposé aussi de vendre des collants portés. J'ai aussi eu des demandes en mariage à prince saoudien…»

Après avoir bien ri de tout ce qu’on trouve sur internet, elle reprend : 


« Alors disons, j'ai majoritairement quand même des gens sympas parce qu'il y a une grande partie de mon audience qui vient des gens que je connais déjà de base, ou des connaissances de connaissances. Donc souvent, c'est quand même des gens qui sont sympas et qui sont vraiment intéressé·e·s par cette atmosphère-là.

Donc, globalement plus positifs que négatifs. Après, bien évidemment, t'as un pourcentage de gros lourds. Tu ne peux pas y échapper. Je ne vois pas comment. »

©Cléa Margaret Photographie

©Cléa Margaret Photographie


Je finis donc cette partie de l’entretien sur ces mots justes. Je vais embrayer sur une nouvelle phase, celle qui nous intéresse le plus : les montres. Je lui propose de rajouter quelque chose avant de continuer et elle me dit : 


« _J’adore regarder les stats parce que j'adore les stats. Et du coup, j'ai constaté que, dans mon audience, j'ai sauf erreur, 57% d'hommes et 43% de femmes. Je trouve ça très vexant. J'aimerais vraiment avoir une audience vachement plus féminine parce que je ne m’adresse pas aux hommes. Je n’ai pas envie de m'adresser aux hommes.

_Je vois ce que tu veux dire mais, au final, je pense que la communauté active c'est plutôt des femmes, non ?

_Et encore, tu sais que dans les commentaires, c'est moit-moit. C’est genre des hommes qui me disent : “Oh, t'es vraiment trop jolie”… C'est sympa, c'est gentil, je le prends bien, mais ce n'est pas un commentaire que je juge intéressant.

_Parce que tu ne fais pas ça pour être jolie. Parce que ça te plaît, parce qu'il y a l'univers derrière, parce que…

_Et du coup, la moitié de mes commentaires, c'est ça. Alors ça me fait plaisir, c'est sympa, mais ce n’est pas ce que je recherche. Je trouve que c'est très intéressant de pouvoir avoir ces stats-là. Au début, j'avais même beaucoup plus d'hommes et maintenant, j'ai eu un peu plus de femmes au fil du temps. Mais tu vois, ça vient vraiment petit à petit… »

C’est à ce moment là que nous embrayons sur la partie montres que je vous présenterai dans deux semaines. 

Sur cette déception, je vous laisse en vous disant que, pour la suite, nous parlerons de la présence des femmes dans la collection de montres. Alice Veil choisira certaines pièces de ma collection pour pouvoir en finir avec ces clichés de montres d’hommes* sur des poignets de femmes*.

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