La condition est clé.

Cela faisait longtemps que je bataillais dans l’ombre pour pouvoir vous présenter, grâce au concours d’Alex et Tim, des montres vintages d’exception.

Alex et Tim sont des véritables chineurs d’objets horlogers exceptionnels. Anciennement connus sous le nom de “B&R Vintage Watches”, ils viennent d’entamer leur transformation en “Veritas Vintage Watches”.

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En m’installant à Lausanne, j’ai eu la chance de rencontrer Alex via Instagram puis IRL (In Real Life) et il a été assez gentil et passionné pour me montrer certaines pièces que le duo déniche miraculeusement.

Cette rencontre a été vraiment importante pour moi car depuis que j’ai quitté la France, j’ai eu du mal à trouver des passioné·e·s avec qui converser de mon obsession pour la vieille tocante. C’est ce qui s’est passé la semaine dernière. Alex m’a laissé poser mes mains impures sur plusieurs merveilles que l’on n’a pas l’occasion de voir tous les jours.

Une montre en particulier a attiré mon attention. Alex est devenu une référence en termes de Datejust. Il a tendance à me parler de longues minutes des caractéristiques de chacune des Datejust qu’il me tend ou qu’il a pu vendre avec une minutie à en faire rougir les plus grand·e·s gourous de Rolex.

C’est justement un de ces modèles qu’il m’a tendu ce jour-là, mais ce n’était pas une Datejust ordinaire. C’est de cette pièce que nous allons parler aujourd’hui. Il s’agit d’une Rolex Datejust 1601 de 1972 qui vient sur son bracelet jubilée plié 6251h.

Photo : Veritas vintage watches

Photo : Veritas vintage watches

Entièrement d’origine, elle est équipée d’un rarissime cadran “shantung” ou “mosaic” dont la couleur, bleue à sa sortie d’usine, a pris une patine très particulière. Cette Datejust est vraiment spéciale, pour l’avoir eu en mains, l’effet de ce cadran est assez incroyable.

Photo de mon iPhone pour comprendre que c’est pas juste des belles photos qu’ils vendent chez Veritas

Photo de mon iPhone pour comprendre que c’est pas juste des belles photos qu’ils vendent chez Veritas

Pourri vous me dites ?

Jamais de la vie ! Si on est bien d’accord sur une chose avec Alex, c’est que ce cadran ne laisse personne indifférent. Certain·e·s diront que qu’il est rincé. D’autres dans un état plus que parfait.

Photo : Veritas vintage watches

Photo : Veritas vintage watches

La vérité est sûrement dans les deux réponses.

En tout cas, laissez-moi vous dire une chose : au poignet, il se passe quelque chose, quelque chose de mystique, d’hypnotique. À la loupe, le cadran est fadé parfaitement. Dans le sens où les écritures sont propres et nettes, les points de tritium au bout des index ne sont pas touchés. Les index (en or blanc) ont patiné avec le temps. Les variations de couleur alternant entre bleu et sable créent une impression de « destroy » mais, encore une fois, quand on la regarde avec insistance on voit que la patine est homogène et naturelle. Seule la peinture du cadran a vécu et s’est transformée pour créer cet effet « marbré ». Ces cadrans bleus des années 70, souvent siglés Sigma -du grec ”σ” qu’on trouve sous l’index des 6h “σTswissTσ” ce qui veut dire que les aiguilles et les indexes sont en or-. Ces cadrans ont généralement tendance à ne pas très bien vieillir. Pour la simple et bonne raison qu’il s’agissait pratiquement des premières laques bleues utilisées dans l’industrie, elles n’étaient donc pas encore totalement au point.

On retrouve ces peintures entre autres chez Vacheron Constantin, Patek Phillipe (ellipse et nautilus notamment), mais aussi chez Audemars Piguet.

Le bleu à l’ombre. Photo : Veritas vintage watches

Le bleu à l’ombre. Photo : Veritas vintage watches

Alex m’a fait part des réactions qu’il a reçues. Certain·e·s n’appréciaient pas, d’autres la trouvaient surprenante. Mais à peu près tous les gens qui ont eu la chance d’avoir cette pièce en mains étaient unanimes. D’après lui : « ça ne plaira que rarement en photo ou au premier abord, mais plus on la regarde, plus elle intrigue et plus on apprécie l’originalité de cette montre réellement « unique ». C’est le genre de pièces que nous adorons dénicher et qui contraste drastiquement avec la Datejust « classique » en cadran blanc/argent. Il s’agit d’une véritable vintage, qui a vécu et sur laquelle le temps a laissé sa trace. Elle ne laissera absolument personne indifférent, et c’est ce que nous adorons. ».

Pour comparaison, une silver nickel chrome, si j’ose. Photo : Veritas vintage watches.

Pour comparaison, une silver nickel chrome, si j’ose. Photo : Veritas vintage watches.

Le bon vieux débat revient alors : Dans quoi la valeur d’une montre vintage réside-t-elle ?

C’est la question qui nous est venue à l’esprit immédiatement lorsque nous avons discuté avec Alex. Nous n’avons pas du tout la même approche de la collection de montres. Néanmoins, nous pouvons remarquer que, généralement, du moins en ce moment, un cadran patiné de façon homogène demande un prix plus élevé que la normale. La question principale est donc plutôt, qu’est-ce qu’une patine désirable ? Et où se situe la frontière entre « flingué » et « patiné » ?

Les avis divergeront toujours, entre les fans du NOS et du « untouched », qui vont apprécier le fait de dénicher de véritables time-capsule, aux féru·e·s de patine, même non-homogène, qui apprécieront l’histoire et la trace du temps au-delà de l’aspect de conservation de la pièce.

Evidemment, ces points de vue peuvent se mélanger, et ce raisonnement ne tient pas avec tout. Je ne suis pas en train de dire que toutes les patines se valent. Bien au contraire. Mais je suis sûr que vous avouerez dans ce cas-ci, l’âge a vraiment de la gueule !

Et vous ? Payerez-vous plus cher pour un cadran comme celui-ci ?

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